Des fois, on se fait prendre un peu de court dans la vie. Un peu comme se faire plaquer par un ours. Tenez, prenons Hao Airen :
Je vous ai déjà dit que je détestais ce genre de pouffe qui prie ? Et oui, c'est la première page.
À ce moment-là, on pressent le truc bien gnan-gnan. Mais bon, la série ne fait que 50 chapitres autant lui laisser une chance. Ça vaut meux que perdre du temps devant la télé.
Bon, je vais spoiler comme un goret, mais ça me semble plus simple pour expliquer ma surprise.
Chapitre 1 :
L'héroïne est brave, gentille, dévouée, en somme, c'est une parfaite cruche de shôjo. Elle rencontre un bôôôôôôô garçon ténébreux blessé qu'elle va aider. On va apprendre par la suite que c'est un des grands chefs de la mafia de Hong-Kong. Sûrement un des types qui innondent la Japan Expo de produits contrefaits en fait. Bon, on se doute que c'est pour donner un côté cool au héros et qu'il pourra avoir facilement un côté torturé du genre "Oh vi, je tue des gens, cela me rend triste, appelez-moi Crying Freeman."
Ceci-dit, un point m'a titillé. Le couple s'est déjà embrassé. Et ils mettent la langue, ça me semble pas courant ça. Tant mieux.
Chapitre 2 à 10 :
On a le droit à des câlins un peu poussés, un héros qui ne veut pas coucher avec l'héroïne parce que tu comprends, "elle est pure, je ne veux pas la souiller".
Bien sûr, il y a aussi le flashback sur le héros qui explique pourquoi il est arrivé là, et qu'il a bien souffert dans sa vie quoi.
L'héroïne se fait aussi enlever par une bande rivale. On apprend que le héros se tape à tour de bras les plus belles filles riches du coin. La fille est libérée parce qu'elle est vierge et qu'elle ne doit pas être la copine du héros vu que ce dernier culbute les femmes à tout va. LOL.
N'empêche, les plans nichons se multiplient. À se demander si c'est vraiment un truc pour "filles".
Et attention, on nous annonce presque un harem de mecs pour la suite, sans compter un passage à l'école. Ça promet d'être passionnant…
Chapitre 11 à 20 :
Comme c'est étonnan t, elle est détestée à l'école parce qu'elle traîne avec de beaux hommes. Quelle surprise. Et pis… Oh… On voit une fille coucher avec un mec pour se venger sur l'héroïne. C'est un hentaï ou quoi ? Et pis…
WHAT.
THE.
FUCK.
Le héros bute une fille (j'espère qu'elle avait une bonne assurance-vie) et viole l'héroïne à tour de bras. Ah non, en fait, le côté mafieux du titre, ce n'est définitivement pas juste pour faire cool. C'est que ça commence à être intéressant toussa. En plus, la réaction de la fille est plutôt crédible vu qu'elle finit dévastée par l'expérience. On est loin du traitement à la Nana ou à la Switch Girl : "On a manqué de se faire voiler/je me suis fait violer, mais c'est pas grave, allons faire des purikuras lolilol."
N'empêche, je vais me demander si c'est pas du hentaï déguisé ce truc.
Chapitre 21 à 30 :
Ça poursuit dans les rapports forcés. Ça promet. C'est glauque quand même. Ceci-dit l'histoire aussi avance. Malgré tout, y'a de l'amour dans l'air.
Chapitre 31 à 40 :
Tiens, c'est l'époque de la réconcialition. Par contre, après, le coup de l'amnésie, ça pue.
Chapitre 41 à 50 :
La fin est cohérente avec le reste de l'oeuvre. Ça fait plaisir. Niveau sexe, c'est la partie la plus soft depuis le début quasiment.
Bon.
Là, je me dis quand même que ce n'est pas possible que ce soit un shôjo, faut pas déc'. J'ai dû rater une étape quelque part. Ben non en fait. Ça en est un. Je ne savais pas que ce genre pouvait être aussi trash. J'aurais cru que c'était plus du josei.
Maintenant, je saurais que un shôjo peut en cacher un autre. D'un autre côté, cette auteur semble un peu à part dans le registre shôjo, si on lit les éléments présents ici (elle est plutôt mignonne et au vu de ses goûts… elle a de quoi rallier à elle tous les otakus de la terre. Cette fille est sans conteste un danger pour l'humanité).
Concernant le dessin proprement dit, il reste agréable à l'oeil, même si le côté grandes épaules des mecs est un peu abusif.
Du côté du scénario, ben quand on n'est pas prévenu, ça surprend. Je noterais quelques points un peu moches (l'amnésie ou le "Je t'ai fait l'amour pendant trois jours, maintenant ton corps est complètement dépendant de moi"), mais l'histoire reste globalement fluide et les sentiments torturés des personnages ne sont pas saoûlants. Plaisant donc.
Au final, on se retrouve avec une oeuvre qui a des graphismes shôjos, qui a des composantes shôjos au niveau des caractères des personnages, mais qui n'est pas vraiment shôjoesque dans le traitement final parce que l'auteur va plus loin que ses confrères. Ça peut valoir le coup d'être lu par ceux qui cherchent autre chose dans le shôjo ou ceux qui pensent que le shôjo, c'est rien que pour les midinettes. Car même l'oeuvre garde un côté midinette, le milieu de la mafia dans lequel gravite l'oeuvre, est présenté de manière crue, et pas vraiment un traitement de midinette.
En soit, ça n'en fait pas un shôjo surpuissant, mais il détonne suffisamment pour qu'on s'y arrête.
D'autres oeuvres de l'auteur, certainement plus soft (j'en sais rien en fait, mais je n'ai encore jamais vu de shôjo sous blister en vente, donc bon… ), sont sortis chez nous. La liste de sa production ici.
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