En quatre mots et une ponctuation:
CA
DECHIRE
SA
RACE !
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été transporté par un bouquin de SF. C'est dantesquement génial. C'est superbement magnifique. C'est transcendantalement lisible. C'est artistiquement bien fait (oui, je suis en mode : "Abus d'adverbe").
Ce livre de SF est une histoire finie - quoique j'ai appris qu'en fait, les autres tomes qui sont de la même trempe (comprendre, un livre = une histoire) sont reliés à ce tome, et l'auteur refait apparaître des personnages déjà présents avant. Je ne sais comment il va gérer sa chose, mais je suis tellement convaincu après son premier bouquin que je n'ai aucune inquiétude. Alastair Reynolds est un maître de la narration comme il en existe bien peu. C'est le genre d'écrivain qui ne va pas décrire ses personnages principaux dès leur apparition, mais va la faire à rebours et ça passera quand même comme une lettre à la poste (d'un autre côté, quelque soit le bouquin, je suis quasiment à 99% sûr que les personnages que j'ai en tête ne ressemble en rien à ceux qu'avaient imaginé l'auteur. Là par exemple, j'avais un perso qui était exactement semblable à Riza Hawkeye. Pourtant l'auteur la décrira brune aux cheveaux courts. Tant pis, elle restera Riza, c'est plus fort que moi.). Le point important, c'est que la description de l'auteur arrive pile au moment où le lecteur se demande : "Mais au final, ils ressemblent à quoi ce perso ?"
Et, en fait, c'est ainsi pour tout le tome. D'un coup, l'auteur nous parle de Pirates, Mantos ou autres trucs, on ne saura ce que c'est que 10 pages plus tard. Ca a un côté rebours plutôt sympa au final, bien qu'il puisse dérouter. Le lecteur peut se mettre à buter sur un nouveau terme avec une question hautement existentialiste : "Oùlàh, ce terme, je suis censé le piger tout seul ou va y avoir une explication après ?"
C'est un petit détail certes, mais qui fait le sel du bouquin. Mais cela n'est rien par rapport à l'histoire principale, admirablement maîtrisée et bien menée. Les coups de théâtre sont nombreux et le début de l'histoire, qui reprend le principe de la Trinité de Suikoden III ou POV ( point of view, en gros l'idée, c'est que l'on découvre l'histoire via les yeux des participants en jonglant de l'un à l'autre jusqu'à ce que les trois se trouvent ensemble) permet de découvrir différentes facettes de l'univers où les narrateurs évoluent. On saute peut-être un peu trop vite d'un personnage à un autre mais bon... Rien de dramatique.
Ceci pour le reste, je dis BANCO ! Que ce soit pour le style ou la qualité d'écriture, c'est un vrai régal pour les petits n'oeils. C'est complètement fluide et joliment orchestré ce qui fait que c'est difficile de décrocher une fois le volume commencé (mais ça, c'est aussi mon côté monomamiaque et psychopate qui veut ça). Les révélations finales s'agencent logiquement et arrivent à nous faire douter ce qui est, en général, plutôt bon signe. Si je veux vraiment faire mon chouineur, je dirai qu'il y a deux explications scientifiques sur la fin qui sont très loin d'être limpides et manquent cruellement de clarté pour le non-scientifique (et même pour le scientifique tout court). Mais on peut passer outre sans blesser grièvement la lecture. D'un autre côté, autant ce qu'entraîne comme final cette explication d'une page ou deux peut donner une légère impression de facilité (mais c'est vraiment pour pinailler à mort, mais disons que c'est déjà un truc dont j'ai eu l'idée plus ou moins à des niveaux différents), le fait de poser une création théoriquement possible donne une consistance bien sympathique au tout (pour rappel, l'auteur est un astrophysicien qui a travaillé à l'ESA, ce qui explique aussi la cohérence de l'espace bien que ce dernier ne ressemble qu'en partie au nôtre).
Donc, je surconseille ce bouquin à tous les lecteurs de SF. C'est juste du bonheur en barre.
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