"Si Miyazaki maîtrise une animation liée à la lumière, alors Kawajiri maîtrise une animation liée aux ténèbres."
Ah Kawajiri...
Aaaaaaahhhh... Kawajiri.
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C'est quand même assez affreux de vouloir faire un article, d'avoir envie de faire son article et de constater qu'on ne sait pas par où commencer son article.
Mais que dire à part : Yoshiaki Kawajiri, cay le bien ?
Enfin, je parle particulièrement de ses films et OAVs.
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Bon, reprenons le début.
Yoshiaki Kawajiri, né le 18 Novembre 1950, est un des membres fondateurs du studio Madhouse (le doux mois d'Octobre 1972 plus précisément) et y officie toujours actuellement. Le studio Madhouse a plutôt bonne réputation dans le domaine de l'animation, car leurs séries sont globalement de bonne qualité et surtout variées. Une simple liste comme celle-ci le prouve : Claymore, Ippo, Chobits, Lodoss, Chii's sweet home, The Cockpit, Death Note, Beck, tous les travaux de Satoshi Kon (paix à son âme. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le seul réalisateur potable/original actuel comme d'autres, mais il est clair qu'il aurait pu apporter de nombreuses autres idées au monde de l'animation et au cinéma en général. Après tout, Inception n'existe que grâce à Paprika de Satoshi Kon... ). Il est donc assez difficile de ne pas trouver son plaisir chez eux. Oh certes, il y a de la bonne bouse des familles qui traîne aussi ( Ninja Scroll TV en tête de liste, et par taquinerie, j'ajouterai les parties anglaises de Beck qui sont innomables ), mais le studio garde quand même une réputation de "qualitay" (comme on dit dans les milieux distingués).
Yoshiaki Kawajiri a donc été mêlé à bon nombre de projets de part son statut de fondateur de ce studio, mais je vais m'intéresser principalement aux films où il était "seul maître à bord" si on peut me passer l'expression.
Car il y a une patte Yoshiaki Kawajiri et celle-ci ne peut déployer tout son potentiel que quand le sieur est le grand manitou du projet et touche à tout.
On peut discerner plusieurs points qui reviennent assez régulièrement à ses oeuvres :
- la présence des démons. Il est assez rare qu'ils soient absents de ces films. Ces derniers arborent souvent une apparence humaine jusqu'au moment où leurs pouvoirs refont surface. Et là comment dire... On a un peu de tout. Ca va tout aussi bien de la fille-vagin à l'adepte du renforcement, du samouraï aveugle à la femme-poudrière, de l'homme-garou au classique vampire... A noter que les démons se comportent plutôt comme des vrais démons. S'ils enlèvent l'héroïne, ils ne se contentent pas de se limer les ongles après avoir attaché la fille à un pilier en attendant que le héros arrive pour la sauver. Naon, ils vont l'utiliser directement afin qu'elle leur soit utile pour la suite des évènements. Ces séquences passent par des scènes X plus ou moins osées. Ainsi dans la Cité Interdite, les démons poussent le héros à abandonner sa mission en lui balançant sur écran géant sa coéquipière qui se fait abuser par trois démons en même temps, dans Ninja Scroll, l'une des scènes un peu hot permet de mettre en avant le pouvoir de l'héroïne qui sera fondamental pour la suite de l'histoire, tandis que la deuxième est liée à l'idée de possession.
Ce qui est agréable, c'est que ces scènes servent vraiment l'histoire. Rien n'est gratuit et ce n'est pas du cul pour du cul. Leur insertion est logique dans l'histoire et permet de faire avancer l'intrigue, et parfois, elles se payent même le luxe d'être liées au twist final. Inutile de dire que pour moi qui râle facilement envers le côté "propre" de beaucoup de productions quelqu'elles soient, c'est juste du bonheur en barre que de voir agir des démons comme de vrais démons.
Pour un blog tout public, sachons rester safe.
- la gestion des ombres et donc la luminosité. C'est surtout ce point qui définit la grosse différence entre Miyazaki et Kawajiri à mes yeux. Les univers de Miyazaki gardent un côté très "pastel" ou plutôt, ont un graphisme et une gestion de la lumière assez proches de ce que l'on a pu connaître dans les années 80/90. Je pense entre autre à Tom Sawyer et autres Rémy Sans Famille. Chez Kawajiri... Vous vous doutez bien que l'on s'attache à montrer des personnages qui font plus adultes et dont la part sombre est bien plus facilement mise en avant. Ici, on nage dans des univers ténébreux, à la limite de la décadence finale. Et pour faire refléter cette part d'ombre qui hante les mondes que parcourt Kawajiri, ce dernier a poussé au maximum la gestion de la luminosité. Car là où il y a de la lumière, il y a de l'ombre. Et là où l'ombre étend son voile, règnent les démons. Et donc, une des choses qui laissent bouche-bée quand on regarde les dernières oeuvres de Kawajiri, c'est la qualité hallucinante de détails liées à la gestion de la luminosité qui peut apparaître sur une seule scène. Et le pire étant que tout cela est animé de façon absolument remarquable. Certaines scènes de Vampire Hunter D foutent d'ailleurs une claque magistrale par leurs qualités esthétiques. Je reste curieux de voir à quoi ressemble sa dernière oeuvre qui est sorti depuis trois ans d'ailleurs. D'ailleurs, si quelqu'un veut découvrir cet auteur, je conseillerais de commencer par ses oeuvres les plus vieilles pour de simples raisons d'évolutions graphiques.
Pas moyen de mettre la main sur une image potable, mais regardez le détail des jeux de lumière
sur les cheveux de la fille. Et TOUT est parfaitement animé.
- des gueules. En effet, il faut dire ce qui est, les personnages homme de Kawajiri sont rarement beaux dans le sens brut du terme. Mais ils ont de la gueule. Ils sont charismatiques. Le côté baroudeur des héros les rend particulièrement attachant, surtout quand ils commencent à prendre crasse sur crasse dans la face alors qu'ils ont rien demandé. Mais les autres personnages ne sont pas délaissés pour autant. Ici, pas de grands yeux, et difficiles de savoir qui est alliés ou ennemis - sauf qu'en général, on a la gentillesse de nous dire rapidement qui est quoi en fait. Les femmes ne restent pas en reste, dégageant un charme certain. Elles font preuve d'une certaine classe et fierté. On ressent aisément que ce sont des femmes sûres d'elles et que si elles ont des faiblesses, elle préfèreront les cacher plutôt que d'admettre la vérité. D'un certain point de vue, on peut considérer que ce sont des tsundere ou des coodere, mais ces termes me paraissent bien réducteurs face à la prestance qu'elles dégagent. Et surtout que ça résume un peu trop succinctement les évolutions qu'elles peuvent subir au cours de l'histoire alors que leur personnalité est plutôt aboutie. Sans compter que ce n'est pas forcément une évolution vue que ce sont des choses qui sont présentes dans leur comportement depuis le début. Quoiqu'il en soit, pour le (re)dire de façon efficace, les personnages créés par Yoshiaki Kawajiri ont de la gueule et du charisme à revendre à outrance surtout une fois qu'on a terminé le film. On ne les voit plus de la même façon.
Ce type a un temps de présence inférieur à deux minutes.
Et pourtant, il a de la gueule.
- ne jamais sous-estimer jamais les filles créées par Yoshiaki Kawajiri. NEVER.
Heu... Chérie ?
Les deux premier points explicitent principalement le pourquoi de la première phrase en haut de cet article. A mes yeux, Yoshiaki Kawajiri est clairement un réalisateur de la trempe de Hayao Miyazaki, la seule nuance, c'est que ses films ne sont pas pour tous publics, ce qui fait que son public est forcément plus limité. Et surtout, ses films ne proposent pas des fins aussi tranchées et aussi positives que celles de Miyazaki... Ce qui n'empêche pas le fait que ce sont de belles fins où il est difficile de ne pas écraser une larme d'émotion.
Mais on en reparlera lors du prochain article où je m'attarderais plus sur chacun des films qui sont sortis par chez nous et que j'ai vu.
En attendant, autant regarder un gif alakon.
Suite : les films de Yoshiaki Kawajiri
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